Couplets

pour une réception d'apprenti

air : Femmes, voulez-vous éprouver.

Désirant trouver l'amitié
Qu'on vante partout dans le monde,
Mon espoir fut toujours trompé.
J'ai parcouru la terre et l'onde,
Je n'ai vu que de faux amis,
Couverts d'une belle apparence ;
Ils sont plutôt vos ennemis,
lls n'estiment que l'opulence.

Par hasard s'offrit à mes yeux
Un asyle très-solitaire ;
On dit que l'homme vertueux
Y trouve une paix tutélaire ;
J'y veux aussitôt pénétrer :
Hélas que je fus téméraire !
On m'écarte, on veut m'éloigner,
Comme indigne de la Lumière.

Messieurs, ne me rejetez pas ;
Si je suis un pauvre profane,
Je voudrais marcher sur vos pas.
Qu'aucun de vous ne me condamne,
Je viens pour suivre la vertu
Qui vous couvre de son égide ;
Si parmi vous je suis reçu,
Non, je n'aurai point d'autre guide.

On me rappelle, on m'introduit,
Je sens une main charitable,
Qui dans les ombres de la nuit,
Me prête un appui secourable ;
Bientôt on m'ôte le bandeau
Qui voilait ma faible paupière,
Et de la vertu le flambeau
Vient me frapper de sa lumière.

Mais quel est mon ravissement,
Quand je vois un cercle de frères 
Réunis par le sentiment,
Et loin des profanes vulgaires !
Ici tout comble les désirs,
Et de sa source l'abondance
Fait couler les plus doux plaisirs,
Mais les plaisirs de l'innocence.

Le lien qui nous tient enchaînés
Ne pourra jamais se dissoudre ;
Quand les cieux seraient déchaînés,
Et réduiraient la terre en poudre,
Un vénérable nous conduit :
Le sentiment qu'il nous inspire,
Serre le noeud qui nous unit ;
Il a nos coeurs sous son empire.

                                            D.....