LE BAB[P]TÊME DE SAINT-JEAN.

Air de la Vallée de Barcelonette.

Pour célébrer notre patron, 
Ce beau jour nous rassemble ; 
Au canon joignant la chanson, 
Répétons tous ensemble :
Avec de l’eau, s'il baptisa 
Tous ceux dont il fit la conquête, 
Il voulut que le vin coula[t] 
Pour le jour de sa fête.

Pour faire un simple et bon chrétien, 
L’eau suffisait sans doute ; 
Pour des mâcons (sic) il fallait bien 
Choisir une autre route ; 
A cette secte qu’il créait
Pour attirer maint prosélite,
Saint-Jean crut que le vin ferait 
Mieux que de l’eau bénite.

Saint-Jean, plein de sagacité,
Disait par métaphore :
L'eau nous cache la vérité,
Le vin la fait éclore ;
Buvons donc, buvons, mes amis,
Pour que la vérité transpire ;
Et puisqu‘elle est au fond du puits,
Que le vin l’en retire !

Pointe de vin est de saison 
Dans un banquet aimable ; 
On en rapporte, à la maison, 
L’humeur plus agréable ; 
Que sur nos fronts épanouis, 
Les ris, les jeux se représentent ; 
Et que, de retour au logis, 
Nos femmes s'en ressentent.

Entre deux vins, entre deux eaux,
Demeure la prudence ;
Entre deux eaux, dans les travaux
Se maintient la balance.
Mais tout vénérable parfait,
De Momus suivant la marote,
Entre deux vins, dans un banquet,
Aime assez qu’elle flotte.

Vive le vin, vive Saint-Jean,
Ce saint en vaut bien d’autres ;
Du premier jusqu’au dernier ban,
Montrons-nous ses apôtres. 
Si quelque frère mécréant, 
Du baptême niait l'emplette, 
Qu’avec du vin, au même instant, 
On lui lave la tête.