Air : Pourriez-vous donc douter encore ?

Muse, je vais monter ma lyre
Pour moduler de nouveaux chants :
Souris à l'ardeur qui m'inspire,
Prête-moi de nobles accents,
En ce lieu de sainte allégresse
Fêté par des frères amis,
Qu'une harmonie enchanteresse,
Célèbre aussi les Coeurs-Unis.

Quand l'amitié fuyait la terre,
Asile du vice odieux,
Et que les passions en guerre
Rendaient les humains malheureux,
La vertu vit encor son temple,
Ferme au milieu de ces débris ;
Et ce digne et sublime exemple
Fut suivi par les Cœurs-Unis.

Honneur à toi, Maçonnerie,
Lien de la fraternité !
Par toi les sentiers de la vie
Pour nous ont plus de volupté,
C'est en vain que la Parque outrage
Ceux d'entre nous qu'elle a ravis ;
La mort n'est rien qu'un doux passage
Pour des frères aux Cœurs-Unis.

Quand le profane injuste fronde
Nos lois, nos plaisirs et nos goûts,
Que vous importe qu'il en gronde,
Si le vrai bonheur est chez nous ?
De l'art royal et ses mystères
Toujours les vices sont bannis ;
Peuvent-ils aveugler des frères
Dont les cœurs sont toujours unis !

 Chez nous, sans cesse l'on encense
La candeur et la vérité ;
Et les charmes de l'innocence
Nous font fuir la perversité.
Chez nous, les vanités humaines
Ne dépassent point le parvis ;
Jamais leurs amorces hautaines
N'ont pu souiller les Cœurs-Unis

Chez nous le funeste égoïsme
Ne put exercer son pouvoir ;
Car au travers de son vain prisme
Nos regards ne veulent rien voir.
Le chagrin , l'envie au teint blême
Chez nous sont voués au mépris :
Rien ne trouble la paix suprême
Dont jouissent les Cœurs -Unis.

Que chacun ici me seconde
En ce moment délicieux ;
Chargeons, mes frères, à la ronde
Tour tirer le plus doux des feux.
Et toi, grand Dieu de la nature,
Anime tes enfans chéris,
El fais que ta morale pure
Enflamme tous les Cœurs-Unis.