Les enfants d'Hiram

La Lice chansonnière est avec la Société du Caveau la plus célèbre société chantante du XIXe.

La Société publiait périodiquement une sélection des chansons qui y avaient été présentées.

Dans le 32e volume, daté de 1882, nous avons trouvé (pp. 59-61) cette chanson en hommage à la Loge Les Écossais Inséparables intitulée Les Enfants d'Hiram, signée par Hippolyte Ryon, membre honoraire (de la Société, pas de la Loge).

Comme beaucoup de chansons de cette époque, c'est une proclamation, pleine d'un optimisme idéaliste, du rôle messianique de la maçonnerie, appelée à instaurer la Fraternité universelle des citoyens du monde et à préparer des temps meilleurs en chassant partout l'Ignorance.

L'auteur ne manque pas d'évoquer les outils et leur symbolisme, tout en manifestant ses sentiments religieux.

 

La Loge parisienne des Écossais Inséparables avait été constituée en 1836 au REAA sous le n° 58. Comme on le voit ci-contre, elle avait pour devise Fraternité - Morale - Charité.

 

La Lice chansonnière

En 1890, Henri Avenel écrit dans son ouvrage Chansons et chansonniers (pp. 16-17) :

La Lice chansonnière a un grand mérite, qu'elle tient de son origine, c'est d'être une société chantante républicaine. Chez elle la libre pensée est admise. C'est ce qu'il faut pour les gens d'esprit et surtout pour les chansonniers qui aiment à avoir leurs coudées franches pour exprimer leurs pensées. Aussi la Lice chansonnière est-elle aujourd'hui, après cinquante-huit années d'existence, plus prospère que jamais... elle compte des réputations glorieuses parmi ses morts ; ainsi, Jules Leroy, Baptiste Lamôme, Charles Gille, madame Élisa Fleury, Louis Festeau, Charles Colmance, Mahiet de la Cheneraye, Eugène Petit, Desforges de Vassens, Lachambeaudie, Justin Cabassol, Charles Vincent et Antoine Clesse lui font le plus grand honneur.

Cette Société fait ses banquets mensuels au restaurant Philippe, péristyle Beaujolais, au Palais-Royal. C'est là que les membres honoraires, titulaires, libres et visiteurs amis de la chanson, viennent soutenir sa vieille renommée. 

Parmi ses membres honoraires, nous citerons : Eugène Berthier, Hippolyte Ryon, Jouy, Landragin, Alexandre Desrousseaux (de Lille, Nord) ; Paul Henrion, Jules Jeannin, Gustave Nadaud, etc., etc. 

ci-contre : Ryon caricaturé par Chebroux

 

Les auteurs

Ryon

Hippolyte Ryon (1842-1894), chansonnier prolifique, était devenu dès 1865 membre de la Lice chansonnière, dont il fut deux fois président. Il a publié divers recueils, dont la Muse républicaine. Comme on le voit ci-contre à gauche, il a plus d'une fois collaboré avec le compositeur Jules Jacob. Il a souvent mis en chanson ses convictions républicaines, comme dans la Paix, l’Amour, la Liberté, composée en hommage à la Loge Ecossaise d’OSIRIS.

Même si nous n'avons pas rencontré de détails à ce sujet, son appartenance maçonnique ne semble guère faire de doute au vu de ce qui précède.

Jacob

Jules Jacob (?-1887) est un compositeur, mais surtout un arrangeur particulièrement prolifique.

Nous n'avons pas trouvé d'éléments biographiques le concernant.

    


 

Hommage à la Loge : Les Écossais Inséparables.

 

 

LES ENFANTS D'HIRAM

Chant Franc-Maçonnique

 

 

Musique de Jules Jacob.

 

L'Acacia dans nos mains, le Compas sur nos têtes,
Frères ! serrons nos rangs ; gloire à la Vérité !
Apprentis, Compagnons et Maîtres, dans nos Fêtes
Chantons le grand Hiram ! chantons la Liberté !

Sois humble ! nous dit le Niveau,
Sois juste ! dit encor l'Équerre,
Donne à ton frère ton manteau,
Dit la Truelle à chaque frère.
Dans le Temple où règne Celui
Que l'on doit admirer sans cesse,
Le Maçon trouve la sagesse,
Et l'opprimé trouve un appui.

L'Acacia dans nos mains, etc.

 

Pour nous, il n'est pas de couleurs,
De rang, de caste, de croyance,
Nous préparons les temps meilleurs
En chassant partout l'Ignorance.
Nous allumons les purs flambeaux ;
Nous sommes citoyens du Monde ;
Nous semons le grain qui féconde
Dans les champs peuplés de tombeaux.

L'Acacia dans nos mains, etc.

 

Il faut devancer l'Avenir !
L'amour saura tuer la haine.
Hiram, un jour, doit revenir
Pour réchauffer la race humaine.
La sombre guerre a fait son temps,
Peuples ! formez une famille ;
Le vieux chêne où l'oiseau babille
Rajeunit à chaque printemps.

L'Acacia dans nos mains, etc.

 

Bientôt viendra le jour prédit :
La grande agape fraternelle ;
Les Nations auront pour nid
La République Universelle !
L'apprenti sera Maître enfin.
On ne connaîtra plus d'entraves ;
Les tyrans n'auront plus d'esclaves
Et le pauvre n'aura plus faim.

L'Acacia dans nos mains, le Compas sur nos têtes,
Frères ! serrons nos rangs ; gloire à la Vérité !
Apprentis, Compagnons et Maîtres, dans nos Fêtes
Chantons le grand Hiram ! chantons la Liberté !

 

Hippolyte Ryon,

                     Membre honoraire.

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