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 | Le MISANTROPEDevenu  Franc-maçon.
 CANTATE.
       DEpuis long-tems je désire un asile, Où loin des Mortels fastueux,
 Je puisse en paix jouir d'un sort tranquille,
 Pour mépriser la Terre & contempler les Cieux :
 Enfin, où mon esprit tout entier à lui-même,
 Inaccessible au prestige, à l'erreur,
 Rend grâces aux bontés de cet Etre suprême,
 Son essence & son créateur.
  
       A l'aveugle fortune Je n'offre point d'encens ;
 Son éclat m'importune
 Et flatte peu mes sens.
 Courez à la victoire,
 Et briguez les grandeurs ;
 Mais mettez votre gloire
 A corriger vos mœurs.
  
       C'était ainsi qu'un
      Philosophe austère, Dont le cœur endurci par la causticité,
 Du genre-humain, censeur dur & sévère,
 En détestait l'approche & la société ;
 Quand tout-à-coup des Cieux vint un puissant Génie,
 Lui peindre les attraits de la Maçonnerie.
  
       Il est des Mortels vertueux, Que guide une aimable sagesse :
 Heureux qui peut vivre avec eux,
 Et partager leur allégresse.
 Dépouillez vous des préjugés,
 La raison en est obscurcie ;
 Que vos désirs soient dirigés
 Par la saine Philosophie.
  
       Un nouvel Univers vient d'éclore à mes yeux,Tout s'embellit, & tout m'offre des charmes ;
 Une Divinité descend en ces bas lieux,
 En chasse les soucis, la crainte & les alarmes :
 J'aperçois d'aimables Mortels
 Qui, distingués du stupide vulgaire,
 Vont goûter des plaisirs réels
 Dans un Temple érigé par le Dieu du Mystère.
  
       Hommes hautains & dédaigneux, Des Maçons suivez la franchise ;
 La Sagesse rit avec eux,
 Et l'Amitié les dogmatise.
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