Couplets à Bernay en 1780

 

Dans son riche ouvrage Révolution et sociabilité en Normandie au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, Éric Saunier reproduit (p. 148) ces

qui sont un véritable hymne à la philanthropie maçonnique.

Cette Loge de la Parfaite Charité fut, selon l'ouvrage précité, fondée en 1780 - ce qui permet de dater la chanson avec certitude - mais elle s'éteignit en 1786. Elle compta deux curés parmi ses Vénérables.

Il y eut, à partir de 1781, une autre Loge à Bernay, les Amis de la Vertu, fréquentée par de nombreux bénédictins et en mauvais termes avec la première.

Saunier identifie également certains protagonistes :

- Guillaume Alleaume, Orateur de la Loge et auteur du texte, était curé de son état

- Robert Hubert De la Huberdière, mercier et premier échevin de Bernay, était membre de la Loge rouennaise de La Parfaite Union. Il fut l'initiateur de la création dans sa ville de la Parfaite Charité, où il intégra plusieurs membres de sa famille.

De tous les jours de notre vie
Mes frères, voici le plus beau
Nous possédons malgré l'envie
Un bonheur solide et nouveau
il faut par notre bienfaisance
en étendre la jouissance
un coeur sensible et généreux
trouve en ses bienfaits la volupté suprême
et c'est en faisant des heureux
qu'il est heureux lui-même.

Etre obligeant et charitable
c'est le devoir d'un vrai maçon
par ses bontés se rendre aimable
voilà la première leçon
à ce précepte il doit souscrire
surtout puisqu'il est vrai de dire
qu'un coeur sensible et généreux
trouve en ses bienfaits la volupté suprême
que c'est en faisant des heureux
qu'il est heureux lui-même.

Mais pour animer notre zèle
à secourir les malheureux
s'il nous faut encore un modèle
nous en avons devant les yeux
mes frères n'en cherchons point d'autres
que parmi les tendres apôtres
leurs coeurs sensibles et généreux
trouvent en ses bienfaits les délices suprêmes
que c'est en nous rendant heureux
qu'ils sont heureux eux-mêmes.

Suivons l'exemple qu'ils nous donnent
ne nous en écartons jamais
sur tous ceux qui nous environnent
versons le bonheur et la paix
N'envions pour d'autres salaires
que le seul plaisir de bien faire
un coeur sensible et généreux
trouve en ses bienfaits la volupté suprême
et c'est en faisant des heureux
qu'il est heureux lui-même.

O ! vous dont l'âme libérale
couronne aujourd'hui nos souhaits
une tendresse sans égale
sera le prix de vos bienfaits
Puisse l'auteur de la Lumière
exaucer notre humble prière
puisse votre coeur généreux
goûter à jamais les délices suprêmes
tandis que vous serez heureux
nous le serons nous-mêmes.

Sous le texte figure la mention Certifié et vérifié par nous officiers de la Respectable Loge de la Parfaite Charité à l'Orient de Bernay lieu très éclairé où règne la Paix et l'union.

Parmi les signatures on distingue celles de Chappey 1er Surveillant et de Hubert De la Huberdière fils signant en l'absence du Vénérable pour malladie (sic). Le document est scellé par nous garde des sceaux et archives Hubert De la Huberdière.

Les indications d'air sont les suivantes :

L'air du nouveau mois de may nous est inconnu. On trouve bien dans la 3e édition de la Clé du Caveau un air Le mois de mai se couronne de roses (n° 1594) et un air Le mois de mai vient de paraître (n° 347) ; nous avons également trouvé un air Au mois de mai tout rajeunit. Il semble cependant peu vraisemblable que cela puisse nous aider.

Nous n'avons rien trouvé non plus sur l'air (ou les airs) alternatif désigné (si nous lisons bien) comme : L'amour galant c'est son voyage (visage ? ).

Merci d'avance à qui pourrait nous éclairer sur cette question.

Retour au sommaire des chansons diverses du XVIIIe:

Retour au sommaire du Chansonnier :