L'Amour fugitif

Cliquez ici (midi) ou ici (mp3) pour entendre l'air C'est bien le plus joli corsage, séquencé par Acélan

Le chansonnier maçonnique et profane d'Azé contient ce cantique aux pp. 13-16.

Il s'agit d'une des innombrables broderies sur le thème des rapports entre la maçonnerie et Vénus et Cupidon.
 
      

L'AMOUR FUGITIF,

OU

 VÉNUS ET LES GRACES DANS LA LOGE D'ADOPTION D'ISIS ;

DÉDIÉ AUX SOEURS DE CETTE LOGE ; CANTIQUE CHANTÉ LE 22 JANVIER 1820

AIR : C'est bien le plus joli corsage ;
Ou : Ma tendresse est une folie.

 

LES Jeux languissaient à Cythère ;
L'Ennui s'emparait de l'Amour :
Il projette, avec le Mystère ,
De quitter ce triste séjour.
De sa mère il prévoit les larmes ;
Rien ne réprime ses désirs.
L'enfant malin, sûr de ses armes,
Part sous l'escorte des Plaisirs.


        

En détours, hélas ! trop fertile,
Il sait échapper aux soupçons.
A peine est-il dans notre asile,
Qu'il se plaît avec les Maçons.
Où l'Amour entre, il fait ravage :
En peu de moments le sournois
De ses traits fait si bien usage ,
Qu'il a vidé tout son carquois.

  

  

  

De Vénus la peine est extrême :
Le dépit agite son coeur ;
Mais, contre un coupable qu'on aime,
Use-t-on jamais de rigueur ?
Elle appelle aussitôt les Grâces
Pour mieux l'aider à le chercher.
L'Amour laisse toujours des traces :
Il ne peut longtemps se cacher.

  

 

  

Mais déjà le divin cortège ,
Porté sur un char radieux
Qu'un souffle de Zéphir protège,
A franchi l'espace des cieux.
L'Expert, étranger aux alarmes,
Entendant.frapper à grands coups,
Ouvre... L'aspect de tant de charmes
Fait évanouir son courroux.

 

 

 

On admet la reine des belles ;
Les Grâces ne la quittent pas :
« Eh quoi ! chez des beautés mortelles,
» Tant de fraîcheur et tant d'appas !
» Prenez pitié de ma détresse ;
» Mon fils a déserté ma cour.
» Rendez l'ingrat à ma tendresse ;
» Vénus n'est rien que par l'Amour. »

 

 

 

La frayeur gagne le transfuge;
Et, pour échapper à Cypris,
A l'instant il prend pour refuge
Deux beaux yeux, puis un sein de lis.
Après bien des métamorphoses,
Qui sont des jeux pour Cupidon ,
Errant sur des lèvres mi-closes ,
Vénus reconnaît le fripon.

          

 

Un châtiment juste et sévère
Devrait suivre un tel abandon ;
Mais le volage, de sa mère,
Obtient aisément son pardon.
« Aux belles quand je rends hommage ,
» J'en attends un retour bien doux.
» Ici, tout m'offrait votre image ;
» Je me croyais auprès de vous. »

Voir l'air C'est bien le plus joli corsage.

L'air alternatif mentionné - dont nous n'avons pas trouvé la partition -, Ma tendresse est une folie, est extrait du Tableau en litige. Le tableau en litige (ou : à l'oeuvre on connaît l'ouvrier) est une comédie en un acte, créée le 13 fructidor de l'an IX au Théâtre du Vaudeville.

Retour au sommaire du recueil d'Aze :

Retour au sommaire du Chansonnier :