Honneurs funèbres pour Rambert-Dumarest

Aux pp. 212-9 du Tome VI des Annales maçonniques de Caillot (ce tome est accessible sur Google-Books, derrière le tome V), se trouve l'éloge funèbre du Frère Dumarest, prononcé le 15 mai 1806 par l'Orateur, le Frère Maximilien Jaubert, dans la Loge écossaise du Grand Sphinx.

Rambert-Dumarest (1750-1806), nommé membre de l'Institut en 1803, est un célèbre ciseleur, qui, après avoir travaillé pour la manufacture d'armes de Saint-Etienne, grava de nombreuses médailles - dont (ci-contre) celle de sa Loge du Grand Sphinx (il en fut selon Thory un des fondateurs) - à Paris et en Angleterre (où il vécut deux ans), notamment celle du Sénat Conservateur, celle de Minerve pour l’Institut national des Sciences et des Arts, celle de Jean-Jacques Rousseau (qui obtint le grand prix du concours de médailles de 1795).

Ce discours est suivi (pp. 220-2) d'une Cantate scénique pour le même objet, signée Montaiglon, et (p. 223) d'un Hymne funèbre portant la même signature, qui doit donc avoir fait partie du même cérémonial.

Cette cantate - de même que l'éloge funèbre par Jaubert - avait fait l'objet d'une édition par les soins de la Loge, où l'auteur des paroles est plus explicitement désigné comme de Courde de Montaiglon

Dans le Tome 2 de ses Acta Latomorum, Thory le mentionne ainsi (p. 355) :

Montaiglon, littérat., auteur de plusieurs cantiques et pièces fugitives, entre autres d'une hymne et d'une cantate scénique pour les honneurs funèbres rendus à la mémoire de Rambert-Dumarest, graveur célèbre, décédé membre de l'Institut.

Nous ignorons la nature de son lien de parenté avec le plus connu Anatole de Courde de Montaiglon.

CANTATE SCENIQUE

Pour les honneurs funèbres rendus au Frère RAMBERT-DUMAREST.

Musique de NADERMAN et RIGEL.

 

UN VISITEUR.

(Récitatif obligé.)

QUEL deuil en ces retraites saintes ! 
Pourquoi ce lugubre appareil ? 
Je vois des pleurs, j'entends des plaintes ; 
Mon cœur s'émeut : dieux ! quelles craintes ! 
Au vôtre, mon trouble est pareil. 

UN FRÈRE DE LA LOGE.

A nos regrets, comme à nos larmes, 
Ah ! nous donnons un libre essor. 
La mort, l'impitoyable mort, 
Des plus doux nœuds a brisé tous les charmes.

Rien ne l'arrête dans son cours ; 
Ses invincibles armes, 
D'un vénérable frère ont terminé les jours.

CHŒUR.

Déplorons cette perte, 
Et sur sa tombe encor ouverte, 
A pleines mains jetons des fleurs, 
Comme un tribut de nos douleurs.

AIR.

Il fut l'ami de son semblable ;
Il fut modeste, simple et bon ;
Et du temple de Salomon,
Colonne inébranlable, 
Dans cet atelier respectable, 
Dont le Grand-Sphinx est l'ornement, 
Il a laissé, de son talent, 
Un monument impérissable (1). 

INVOCATION.

Dieu de bonté, Dieu de lumière, 
Grand Architecte de ces lieux, 

 

(1) Allusion à la médaille du Grand-Sphinx qu'il a gravée pour la Respectable Loge. 

Devant ton trône glorieux, 
Tes ouvriers, dans la poussière, 
Baissent un front religieux. 
Du haut des deux
Si tu contemple 
Ces ouvriers laborieux, 
Tu vois qu'un frère vertueux, 
Dans ton saint temple,
Est un exemple 
Sans cesse présent à leurs yeux.

MONTAIGLON.

 

Nous ne savons rien du sort des partitions des Frères Naderman et Rigel (dont nous savons qu'ils étaient tous deux membres du Grand Sphinx).


 

HYMNE.

OMBRE chérie, ombre sacrée, 
Descends du séjour immortel, 
Et vois autour de cet autel, 
De tes amis la foule consternée, 
Te consacrer, en ce jour solennel, 
De ses regrets un hommage éternel.

Et nous, remplis d'un noble zèle 
Pour la gloire de nos travaux, 
Dans cette ardeur, dignes rivaux, 
A l'amitié, si ce jour nous rappelle, 
N'oublions pas que son divin flambeau
Ne peut s'éteindre en la nuit du tombeau.

MONTAIGLON.

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